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Ta main

    Quand t’ai-je donc perdu, où as-tu lâché ma main,
    la reprendras-tu?

    Tu ne reposes plus là
    où mon coeur t’aime
    tu ne te reposes plus près de moi.

    J’ai attendu dans la forêt aux pins,
    la fontaine s’est éteinte, j’ai cru t’y voir
    mais je me suis perdue
    dans un reflet.

    J’ai chanté avec mes sœurs
    jamais je ne l’oublierai,

    mais avoir mal ensemble
    ne nous rend pas bien,

    et nos larmes effraient
    celui qui ne peut lever la main
    pour essuyer le passé

    comme elle ne te cueille plus
    même aux matins fleuris,
    fruit mystérieux, quand lui es-tu devenu fade?

    J’ai attendu devant ma fenêtre
    puis devant la sienne
    un jour, il en a fermé les rideaux

    honteuse d’aimer trop,
    j’ai couvert mon cœur d’un voile
    que j’aimerais qu’il relève

    je veux
    je veux si fort

    être la fée porteuse d’espoir
    la lueur dansante dans tes nuits

    même lorsque le silence me ronge
    et m’ampute de la vie.


    Quand ai-je donc lâché ta main…


    Je t’appelle
    entends-tu?

    ma voix ne se rend pas à toi
    mais je ne sais crier

    Je ne sais plus où marcher
    pour te retrouver
    ta trace est masquée

    l’impuissance me tuera
    je suis née pour régner sur ma destinée

    mais qu’est-ce qu’une vie sans horizon
    une journée sans amour
    une saison sans passion?

    mon amour
    mon cœur s’effondre sur lui-même
    si beau et fort fut-il un jour
    il n’a même plus d’ombre

    je ne sais plus où te trouver
    j’entends pourtant battre ta vie

    serais-tu donc vivant
    là où je ne suis?


    dans le creux de mon silence
    mes fantasmes dansent

    je demande peu
    j’espère l’innocence
    d’aimer librement ton cœur,
    que s’estompent les distances
    j’ai besoin de sentir que tu existes vraiment

    j’aimerais
    que fleurisse en toi
    quelque part
    mon petit jardin

    ta main tendue qui me retient

    ne me laisse pas
    tomber

    je tombe

    j’essaie de te rattraper

    mais quand
    quand as-tu lâché ma main ?

    *


    J’ai peur de marcher encore longtemps
    et de finalement arriver à la maison

    d’ouvrir la porte
    derrière elle, que des pièces vides

    j’ai peur
    de tout devoir inventer

    des mondes infinis et profonds
    aux gorges silencieuses
    aux montagnes brillantes
    aux trois lunes souriantes

    j’ai peur
    de ne pouvoir partager
    ni passion ni espoir

    je le promets,
    j’ai essayé encore plus fort cette fois

    de ne rien briser
    de réparer mes fissures
    pour que cessent les fuites

    j’ai essayé d’être humaine
    même de l’être moins,
    de ne pas dire et rester solide
    dans le silence

    ma vie est infertile
    mes terres sont déserts

    mon petit monde
    s’arrête à moi