entre, il fait froid dehors
la neige tombe encore
les pas se recouvrent
les corbeaux attendent
la parole n’a plus d’écho
entre, elle est là
elle t’attend
derrière cette porte massive
que seule la volonté pure
saura franchir
elle t’attend
te tend la main
entre
dans la chambre aux miroirs
*
dans la nuit de ses yeux
tu verras d’abord son silence
et tu y marcheras comme dans une forêt
aux branches piquantes
la lune te semblera invisible
et ses caresses distantes
il ne restera plus que les craquements
et le souvenir des bruits du passé et de l’avenir
tu n’entendras pas les oiseaux
les fleurs rêvent sous la neige
écoute
il n’y a plus rien
tout s’est tu
et ce que tu vois
est le tissu de ta vie
cette fois,
ne t’y abrite pas
elle est pure
ne te débats pas
elle ne connaît ni peur ni jugement
elle ne te retient pas
mais ses mains se tendent
tu les perçois
loin
de l’obscur
de la lumière
là où tout s’est tu
où rien n’a jamais parlé
là où elle est née
au-delà
là où tu peux choisir de rester
écoute, écoute-la
la voix te dit
l’amour du monde
tant que tu réponds
tu n’entendras pas.
*
tu as vu
la souffrance du monde
contemple-la
avec compassion
sans rire ni pleurer
tu peux offrir
ce qui se reçoit difficilement
écoute-la te chanter
l’Histoire des vivants
leur passage entre les fentes
du temps
regarde-la revenir chaque jour de la mort
sans tourment en son âme
elle a vu
ce qu’il faut oser regarder
son propre reflet
la déesse et le monstre assemblés
la vie ne corrompt pas
mais multiplie les aspects
tu peux les rassembler
sans peur
elle est pure
offre-lui
un reflet bienveillant
en ce monde, la gentillesse demande
du courage