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Justice

    Enveloppée par mon ombre,
    la voix a faiblement demandé :
    sors de la grotte,

    et pourtant le soleil m’a brûlée

    je ne peux dire à la voix
    qu’il n’y aura pas

    de justice pour moi.

    *

    cette absence
    libérée par la parole

    que j’enveloppe de plumes
    pour donner à mon silence

    une forme
    qui puisse s’envoler


    *

    je dis sans mots
    ni pensées

    aux murs de ma grotte
    qui me répondent par l’écho

    il n’y a pas de justice pour toi


    et j’ose me retourner vers le plafond
    avec toutes mes forces

    j’appelle

    mais je n’ose pas dire
    que j’aimerais être comprise


    ma douceur
    figée sous le marbre de la force
    reine des métamorphoses


    comme la délicatesse
    invisible à celui qui ne perçoit

    que les cris
    des agresseurs

    et qui taisent
    mes larmes pourtant
    silencieuses.


    Je souris
    puisqu’en secret
    je sais bien le faire

    à la vie que je ne veux quitter
    qui cultive mon coeur
    le fait briller

    à la mort qui enveloppe
    ce que j’ai montré sans retenue
    puisqu’il ne le fallait pas

    leur monde n’est pas moi.

    *


    Je n’ai rien dit
    et pourtant

    on voudrait que je me taise

    et à ceux qui ont mis le feu à mes terres

    on ne dit rien
    on les laisse être

    libres de marcher
    au soleil, parmi les réveillés ;

    en exil sur la lune
    je dors

    et j’espère que mes rêves
    me mènent à Lui
    et qu’il veuille autant
    rêver à moi

    mes yeux s’ouvrent trop tôt
    mon corps est hors portée

    j’ai toute ma raison
    elle n’est pas sourde
    c’est ce monde qui l’est


    et ma peau se pince
    en une ligne bien fermée

    en mes propres frontières
    je suis en sécurité


    je vois, tout,
    je n’ai cessé de regarder


    par la fenêtre
    j’inspire l’air

    d’un monde inventé

    dans lequel, libre,

    ma voix serait justifiée.


    *

    *

    J’appelle

    avec la main tendue

    et des couleurs pures me répondent

    me permettent un moment
    de respirer hors mes danses

    je flotte
    en mes propres frontières

    libre

    puisque j’ai dit

    mon refus de leur monde
    qui permet l’injustice

    *