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Invité au festin

    voici qu’à l’automne
    la vie entre dans tes mains
    et tu donneras au monde ton Verbe,
    l’offrande vivante de ton esprit

    la fenêtre s’ouvre
    à toi l’horizon

    libre,
    m’emmèneras-tu un jour avec toi
    vivre totalement, me voudras-tu là
    lorsqu’après ces milliers de morts
    ton âme se réchauffera?


    après tous ces hivers circule dans mon sang
    des envies de flammes dansantes

    de paysages émouvants, de mots chuchotés
    de baisers assumés, l’Étreinte finale

    la grande danse des survivants
    le rassemblement après l’annihilation

    loin de la mort

    seras-tu là, près de moi, vivant?




    J’ai déposé à tes pieds
    les offrandes
    cultivées à force de courage
    et d’un espoir discret
    de marcher un jour avec toi
    dans ce monde que tu ne touchais plus
    même du bout des doigts

    j’ai pleuré avec toi,
    j’ai ri seule en attendant
    que tu puisses rire avec moi,
    j’ai souri à mon reflet
    que je ne reconnais pas
    – regarde ce calme, cette force sourde
    ose me regarder en entier,
    tu verras ce que tu as changé –

    je veux te voir briller
    de près, témoin de ta lumière

    en ton nom et par le mien,
    j’ai cultivé la vie au sein même de l’hiver
    j’ai décoré ton lit de fruits et de fleurs

    pensant : je serai là
    lorsque demain tu te réveilleras
    lorsque vivant
    tu voudras

    Mes soleils à l’intérieur brûlent d’amour
    si fort, que je dois porter l’ombre comme une peau


    et c’est dans la mort
    qu’ils me reconnaissent
    ma lumière les tuerait
    c’est dans la mort que je leur conviens

    aux bals dorés, je ne suis pas invitée
    ma robe blanche de reine
    cachée d’une lourde cape
    est néanmoins la marque de la force
    d’un coeur pur
    traversant un monde indifférent


    un jour, je serai conviée
    au festin vivant