À la Naissance, il y eut la parole,
l’être
et les enveloppant, l’infinie conscience
l’émanation du silence
Né sous ce ciel,
les yeux tendus vers lui ou retournés vers la terre
tu prends le pouls du monde par ses inventions
engendrées par les mots et la volonté
et tu t’endors dans le silence de sa nuit
te croyant seul tant que la vie a cessé de bouger.
Le monde en centaine de pétales, en milliers de paroles
il grandit près de tes mains douces
qui ne connaissent d’autre volonté
que de vivre sa vérité de parole accomplie :
tu existes.
C’est dans ton silence
que le monde s’enroule
dans le néant qu’il se forme
avant même la conscience
avant même la possibilité de l’existence.
N’aie pas peur de ton silence
va jusqu’à sa source
tu verras ce que rien ne peut détrôner.
Je sais qu’elle a existé
l’étincelle de mon oeil
qui s’est éteinte
dans le ventre creux de mon silence
je sais qu’il fut un temps
où mes mots portaient l’espoir de créer
et qu’ils avaient assez de fermeté
pour constituer la base de ma volonté
je voulais, et j’avais espoir
que le monde déjà établi
puisse entendre les traductions
de l’universel
fabriquées dans mon silence.
Rien ne répond
ma voix est écho
sur les murs de mon corps
je suis, j’existe
et pourtant
je ne suis
que le silence.
Simplement, par ma présence
et la voix qui a engendré mes actions
je voudrais inspirer —
lorsque le souffle manque
tendre le mien
je voudrais que dans l’écho
de mes formes et de mes contours
naisse un souffle plein
je voudrais
que tu le cueilles
et me prennes la main
alors que le silence est là,
venu après l’effort
le repos suivant les épreuves
tu sais, je ralentis
mais ne m’arrête pas
j’aimerais que tu voies
au centre de mes néants
ce que je ne peux nommer
cette brillance
qui a attiré à elle telle la lune,
qui a rejeté sur les rivages lointain l’impur
ma brillance
que rien ne peut détrôner